Saâdane Afif, Etienne Chambaud,
François Curlet, Julien Discrit, Andreas Fohr, Remy Jungerman,
Stani Michiels, Virginie Yassef.
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François Curlet, Moonwalk, 2003
© Air de Paris
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DÉRIVÉ est
une exposition qui se greffe sur une autre à la manière
d’un système en dérivation, par opposition à
la série… Elle se déploie dans un espace parallèle
qui est signalé par un panneau lumineux, « Moon Walk ».
Cette œuvre de François Curlet semble réguler le passage
des visiteurs de l’exposition RENDEZ-VOUS en alternant les signaux
« Walk » et « Don’t Walk » mais l’apparition
d’une troisième injonction entraîne l’étonnement,
la confusion, voire une certaine désorientation. « Moon Walk
» véhicule l’image d’une virée lunaire,
d’un mouvement en apesanteur et nous invite à prendre de
la distance avec le réel en signalant une possible bifurcation…
introduction à cet espace DÉRIVÉ.
En contrepoint du RENDEZ-VOUS, compris comme la rencontre dans un lieu
et un temps donnés entre l’œuvre et le regardeur, l’exposition
DÉRIVÉ est un mouvement à travers différentes
conceptions de l’espace et du temps. DÉRIVÉ
fait suite à une série d’expositions qui ont débuté
en janvier 2005 à La Planck. Les travaux présentés
sur ce mur ont développé des recherches sur la représentation
du paysage et la cartographie. Les œuvres de Julien Discrit, Andreas
Fohr, Remy Jungerman et Stani Michiels se caractérisent par des
décalages subtils offrant une vision éclatée du territoire
et révélant d’infinies variations. Elles mettent en
perspective la part de l’imaginaire, les points de vue dominants,
les paradoxes dissimulés, la subjectivité occultée.
Elles apparaissent comme autant de boucles sur le réel, en prise
avec lui mais se déployant ailleurs, renvoyant à différents
lieux géographiques, à la mémoire, à nos fantasmes…
Les autres travaux, réalisés par Saâdane Afif, Etienne
Chambaud, François Curlet et Virginie Yassef, s’attachent
à réguler des flux, rythmer le regard et mesurer des écarts.
Ils mettent en jeu différentes temporalités – mouvement
continu, répétition, rupture… - qui défient
l’action du spectateur et son point de vue. A la question du territoire
se substitue celle de l’espace-temps et de notre place dans l’univers.
Certains titres, « Moon Walk », « Mise en boucle du
premier vol spatial habité », « Le Détecteur
d’oubli (à la suite de la découverte d’un morceau
d’isolant qui s’est détaché du lanceur) »,
renvoient ouvertement à la conquête de l’espace comme
ciment d’une mémoire collective et comme point de rupture
entre fantasme et réalité.
Le paradoxe de Zénon, posé en introduction et qui interroge
le rapport entre une distance donnée et le temps nécessaire
pour atteindre une cible, met en scène une situation absurde, puisqu’elle
conclut à l’impossibilité d’atteindre une cible.
Si l’on sait aujourd’hui qu'une série infinie peut
converger vers un résultat fini, ce paradoxe continue de fasciner
car il défie le sens commun en postulant un espace continu et/ou
séquençable. Les artistes, passionnés par une pensée
du mouvement ainsi que par le hiatus apparent entre la théorie
et l’expérience, rivalisent d’ingéniosité
et d’esprit pour mettre à l’épreuve leurs propres
limites et tester les conditions d’apparition de leurs œuvres,
sans négliger la puissance de l’humour et du paradoxe.
Quand les fantômes s’enfoncent dans la vraie neige…
est un écran sur lequel s’inscrit une succession de phrases
absurdes décrivant des situations observées dans des films
burlesques et pour lesquelles il est difficile de dire s’il s’agit
de poèmes ou de mots d’ordre. Cependant, ces phrases sont
suffisament incongrues pour nous maintenir dans un état étrange
et familier, où différents niveaux de réalité
se mélangent. DÉRIVÉ est une invitation au voyage,
divagation de l’esprit mais aussi expérience du sensible.
Le corps du spectateur est sollicité pour faire la mise au point,
se placer dans la ligne de mire, lire des instructions, écouter
des sons, se saisir d’un poster... Les images observées s’imposent
par leur puissance iconique, leur fragmentation, leur effacement ou bien
leur surgissement… L’exposition défie notre rapport
au visible et propose de considérer le réel sous différents
angles, de rester en mouvement.
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