THORSTEN STREICHARDT

Vernissage le samedi 2 décembre de 16h à 21h

Exposition jusqu'au 20 janvier 2007

Etude pour Eraserface, 2006

 

Le dessin tracé à la gomme sur le mur immaculé laisse lentement apparaître un visage. Les traces laissées par la gomme colorée et surtout les résidus qui s'accrochent à la paroi en donnent les traits et le contour. Il y a juste assez de matière et assez de contraste pour mettre l'accent sur l'instant précis de la mise au point. Le regard cherche, discerne, perd, retrouve son sujet. C'est un peu comme lorsque l'on tente de lire dans les nuages... mais ici le sujet est immobile c'est le regard qui change. De loin, il faut scruter et laisser le temps à l'image d'apparaître: spectre souriant mais très vite menaçant. De près, le mur est maculé des résidus de gomme accrochés à la surface ou dispersés au pied du mur, invitant à inspecter l'outil un peu mieux.
Ce dessin n'est pas sans rappeler d'autres travaux de l'artiste qui, derrière la forme, indexent des matériaux et des histoires. L’intervention de Streichardt à La Box à Bourges en 2006 consistait à prélever de petits morceaux aux angles des bâtiments afin d'y confronter plusieurs histoires: millénaire comme le calcaire, centenaires comme les monuments publics et contemporaines comme celles de ces habitants qui ont accepté de négocier avec lui la donation d’un fragment de leur maison.
Dans sa vidéo Immobilienmarker (2006), une caméra a pour mire la pointe d’un feutre rempli d'eau qui trace des mots liquides sur les façades des bâtiments publics. Plus que la lecture d’une image et la reconnaissance d'un lieu, c'est le geste et la transformation du point de vue qui priment.
L'effacement produit ici une nouvelle manière de voir.

From an immaculate wall slowly emerges a drawing of a face. It is drawn with eraser, and its remenats barely hint at countours and features. One seeks the precise moment of focusing, distinguishing, losing, and reforming the elusive subject. Its like seeing shapes in the clouds, except here it is not the shapes that change, put the perception of them. From afar, the image takes time and scrutiny to appear, smiling, then threatening. Close up though, the image disappears, dominated by crumbs of colored eraser fixed to the wall or dispersed below, inviting a closer inspection of the tool itself.
This drawing relates to other works by Streichardt where the typical substance of art is ephemeral or absent, so that materials and stories behind the form take precedence. His 2006 intervention in La Box in Bourges consisted of taking very small pieces of stone off edges of the buildings. The work took place on various levels, of story and spans of time: the geological age of limestone, historical centuries of public monuments, and the currency of those of the inhabitants who negotiated with him the donation of a fragment of their own houses.
In Streichardt's video, Immobilienmarker (2006), a camera has a felt-tip at the center of the image. The tip is filled up with water so that if traces liquid words on the facades of public buildings. More than the reading or the recognition of a place, it is the gesture and the transformation of the viewer's perspective which prevails.
Obliteration is a vehicle for a new way of seeing.

More info: www.thorsten-streichardt.de